Tendances récentes sur les usages de drogues à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes en 2021
Nina Tissot, coordinatrice TREND sur la région nous partage son rapport pour l'année écoulée. Merci à elle.
Voici un résumé des points abordés dans le rapport :
-l’évolution des trafics, notamment en région lyonnaise, avec leur restructuration à la suite des périodes de confinement, les évolutions concernant les points de vente de type « fours », les points de ventes en centre-ville, et le deal par livraison. Nous aborderons également l’évolution des stratégies de communication et stratégies marketing des réseaux, avec la diversité des modalités de paiement actuellement proposées par les revendeurs, et nous présenterons le tableau des prix observés en région pour les principaux produits vendus. Les tendances majeures concernent la cocaïne qui continue d’être massivement diffusée et à des prix toujours en baisse, avec la vente sous forme basée nouvellement observée en région. Pour le cannabis, la résine en circulation est toujours plus fortement dosée en THC, et des formes de concentrés sont aussi plus souvent observées à la vente. S’agissant de l’héroïne, on retiendra la vitalité des « réseaux de cité » qui ont repris une part importante du marché suite à la répression policière et judiciaire accrue sur les réseaux albanais.
- les usagers en grande précarité rencontrés dans les espaces de la marginalité urbaine, qui, après avoir connu une période de forte visibilité dans l’espace public du fait des confinements survenus durant l’année 2020, se sont trouvés bien moins présents en centre-ville en 2021, pour des raisons liées à des mises à l’abri, mais aussi à des formes de répression les éloignant des centres urbains. Les consommations dans l’espace public n’ont pas disparu pour autant. Les difficultés relatives à la situation de grande précarité de ces usagers, et l’accès aux soins, n’ont significativement pas évoluées. De même, les consommations de cocaïne (de plus en plus consommée basée) et d’opioïdes sont toujours majoritaires, avec un recul notable du Skénan®, et une présence encore accrue de la kétamine. Le Lyrica® fait l’objet d’une attention particulière de la part des professionnels du champ addictologique, qui rapportent des consommations de ce produit chez une population immigrée, du Maghreb et des pays de l’Est. Les jeunes migrants magrébins isolés, parfois ayant le statut de MNA, sont particulièrement concernés par cet usage, et des initiatives destinées à intensifier leurs prises en charge ont émergées en région lyonnaise. - les espaces festifs, notamment les espaces festifs commerciaux, ont connu une année encore scandée de restrictions (fermetures, passe sanitaire, jauges restreintes). A l’inverse, les free-party de petites ou plus grandes tailles n’ont pas connu de période de pause contrairement à l’année 2020. Nombre d’usagers ont maintenu les habitudes festives qu’ils avaient adoptés durant les confinements : la fréquentation de fêtes sauvages extérieures, et la multiplication des soirées en appartement, où s’observait alors une nouvelle mixité de publics. Concernant les produits consommés, peu d’évolutions sont constatées, mais des tendances de fond se maintiennent notamment l’omniprésence de la cocaïne, l’élargissement des usages de kétamine et de 3MMC, et la présence régulière de CBD. En contexte de chemsex, peu de changement sont mis en évidence cette année concernant les profils des consommateurs et les produits consommés (à l’exception de l’arrivée de la 3CMC en remplacement de la 3MMC). Néanmoins, le travail de terrain met à nouveau en exergue cette années les complications somatiques et psychiques liés à ces pratiques. Enfin, nous aborderons les prétendus cas de soumissions chimiques, en questionnant les effets de leur médiatisation sur les scènes festives étudiées, les organisateurs des soirées et les usagers. Dans une seconde partie du rapport nous présenterons les analyses de produits réalisées en région par le dispositif SINTES, et de manière transversale des données concernant les analyses réalisées par le LPS d’Ecully sur les produits saisis en région, ainsi que des données issues du laboratoire d’analyse régionale CCM. En dernier lieu, nous exposerons des données concernant les 4 produits qui ont été les plus significativement marquants sur l’année 2021, que ce soit en raison de leur diffusion sur des nouveaux espaces, auprès de nouveaux usagers, ou en raison des nouvelles modalités d’usages et/ou de trafics : la 3MMC, la kétamine, le protoxyde d’azote, et le CBD.
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